Commençons par une fable “ L’empereur, le sage et l’oiseau “
Il était une fois un empereur nouvellement couronné. Cet empereur souhaitait faire de la colombe son animal fétiche et l’utiliser sur ses armoiries, pièces de monnaie…
Il fit donc appel à un sage, artiste de son état, reconnu comme le meilleur en son domaine. Il se rendit chez ce sage et lui demanda de lui dessiner la colombe parfaite. Le sage lui répondit que çà lui coûterait deux sacs d’or, un aujourd’hui et un autre à la livraison dans un an. L’empereur était mécontent du délai et du prix mais on ne transige pas avec le sage.
Un an plus tard, l’empereur se rendit de nouveau chez le sage pour la livraison de sa parfaite colombe. Le sage prenait tranquillement le thé et quand l’empereur lui demanda le dessin de la colombe, le sage prit une feuille blanche et dessina alors la colombe la plus parfaite qu’on puisse imaginer.
L’empereur s’emporta alors ne comprenant pas qu’il ait dû attendre un an pour voir le sage dessiner la colombe en quelques secondes. Le sage se leva alors et emmena l’empereur dans une salle attenante qui contenait des milliers de dessins de colombes, c’est par l’expérimentation pendant un an que le sage a pu obtenir un résultat aussi parfait.
Nous pouvons retenir deux choses de cette histoire :
1. “ Nous sommes ce que nous faisons à répétition. L’excellence n’est donc pas un acte mais une habitude. “ Aristote
2. La colombe parfaite est celle du sage, est-ce que la colombe qu’il dessinait il y a 6 mois n’était pas suffisante pour l’empereur ? Notamment pour une utilisation en broderie et en impression sur métal : la différence entre la précision d’il y a 6 mois et un an sera-t-elle visible sur une armoirie brodée ou une pièce de monnaie frappée ?
On peut ainsi définir le perfectionnisme par rapport à l’excellence :
- Perfectionnisme : Acharnement à l’atteinte d’une perfection égoïste
- Excellence : Amélioration continue vers une perfection définie collectivement
Perfectionnisme, absolutisme d’une perfection idéalisée mais non partagée
Le perfectionniste en voulant atteindre absolument la perfection se trouve condamner à réussir, sans demi-mesure, et se trouve dans une posture d’intolérance à l’échec.
En ayant une vision de la perfection qui lui est propre, il va s’obstiner dans des détails dont il est le seul à les percevoir en s’infligeant une pression permanente.
Sa vision de la perfection n’étant pas partagée, il ne peut pas déléguer les actions permettant de l’atteindre et il ne peut entendre les remarques ou suggestions puisque les personnes qui lui font ses feedbacks n’ont pas la vision de ce qu’il imagine être la perfection.
Le risque est donc fort d’être très déçu car ne faisant pas de livraison intermédiaire tant que la perfection n’est pas atteinte, le résultat ne sera pas reçu à l’ampleur du travail fournit — comme l’empereur face au sage.
Perfectionnisme, le risque de burn-out
Dans sa quête de l’absolue perfection, le risque pour le perfectionniste est de ne jamais l’atteindre et de se trouver sous pression permanente.
Les symptômes classiques de cet absolu :
- Autocritique à l’excès
- Dénigre ses succès, voire se trouve nul tant que la perfection n’est pas atteinte
- Frustration, colère
- Inflexibilité
- Doute, peur, crainte
- Seul contre tous
Excellence, un chemin vers une perfection partagée
Avec une démarche d’excellence, le chemin pour atteindre la perfection est aussi important que le résultat. Chaque étape est atteignable, permet d’apprendre de ses actions pour progresser. En livrant fréquemment, on récolte des feedbacks qui permettent d’affiner et de partager la cible à atteindre.
Chaque point de vue contribue à améliorer le résultat final et enrichie la valeur de la perfection ainsi construite de manière collaborative. Les échecs ou demi-succès sont des moments d’apprentissages.
En résumé, chaque étape est un succès.
Excellence, un chemin vers la motivation
Une démarche d’excellence est donc ainsi par nature plus motivante :
- Fierté par l’atteinte de succès réguliers
- Confiance
- Spontanéité et prise de risque
- Flexibilité
- Droit à l’erreur
- Partage et collaboration
Cet ensemble de valeur permet de continuer à s’enrichir mutuellement pour atteindre la cible parfaite, même si elle n’est jamais atteinte.
Quizz : Êtes-vous perfectionniste ?
- Je ne fais jamais rien à moitié. C’est tout ou rien pour moi. Tout simplement.
- Les personnes qui font les choses à moitié m’énervent.
- Je crois qu’il n’y a qu’une seule façon de faire les choses et qu’elles devraient toujours être faites de cette façon.
- Je suis en colère ou sur la défensive quand je fais des erreurs. Je déteste ça.
- J’ai souvent du mal à démarrer les projets et à respecter les délais. Ou si je le fais, je me tue à la tâche pour y arriver.
- Je me sens humilié quand les choses ne sont pas parfaites.
- Je n’aime pas admettre ne pas savoir comment faire quelque chose ou être un débutant. Si je ne peux pas faire quelque chose de façon parfaite, je ne le fais pas.
- Les gens disent que j’attends trop de moi-même. Ou d’eux d’ailleurs.
- Dans ma famille, personne ne pouvait jamais être complètement à la hauteur des attentes.
- Je suis dur avec moi-même quand je perds, même si c’est seulement un jeu ou un match amical.
- J’évite souvent les activités de groupe.
- Je ne pense pas que le travail doit être amusant ou agréable.
- Même quand je réussi quelque chose, je me sens déçu ou ressens un vide.
- Je critique sans cesse les autres ainsi que moi-même.
- J’ai besoin de contrôler la situation. Si je ne peux pas être aux commandes, je ne participe pas.
- Peu importe tout ce que j’ai fait. Il y a toujours plus que je peux faire.
- Je ne délègue pas souvent et quand je le fais, je vérifie toujours au moins 2 fois pour m’assurer que le travail soit bien fait. Surprise !! il y a toujours quelque chose qui ne va pas.
- Je crois qu’il est possible de faire quelque chose parfaitement et je suis sûr que si je m’y consacre, si je m’accroche, je peux y arriver parfaitement.
- Oublier ou pardonner n’est pas quelque chose que je fais facilement.
- J’ai du mal à finaliser (ou même à commencer)
Si oui, ça se soigne 🙂
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